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quotidiennes XXXV (14/s23)
_« Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais [où tout regorge], il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines. » [1]
#montreuil #friche #dufriche #résister #acieroïd
_l’emploi du temps [2]
#montreuil #écriture #apprentissage #emploidutemps #enfance #corderie
_l’annonce faite à Paris
#paris #danslarue #précarité #écrirelurgence
_ce qui manque à la consommation
#montreuil #murs #consommation #lavilleécrit
_ce que le dehors, sans l’écrire, dit du dedans [3]
#montreuil #soir #regardeleciel
_un phare breton entre dans le sentier [4]
#montreuil #chaleur #bière #armen
_ciel avec éclairs sans tonnerre [5]
#montreuil #nuit #orage #regardeleciel
#cequonattend #cequonentend #cequondevine #cequonredoute
_Photos : Montreuil, Paris (2-8 juin 2014)
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le dimanche 29 novembre 2015
[1] Eugène Varlin, Déclaration lors du procès de la deuxième commission de Paris de l’Association internationale des travailleurs, tenu devant la 6e Chambre du Tribunal correctionnel de Paris, en mai 1868. Procès de l’Association internationale des travailleurs : Première et deuxième commissions du Bureau de Paris, Paris, AIT, juillet 1870
[2] Poursuivre la correction du premier jeu d’épreuves, jouer aux fléchettes et au morpion avec Legrand qui dresse ensuite son programme du jour – liste qui me fait penser à SP38 du Général Instin avec réforme de l’orthographe en plus, la dérision en moins. Ricordi, Ricordi, la tête ailleurs toute la journée – en train de me séparer du texte, peut-être.
[3] D-day 70e anniversaire, tout n’est que jeu de diplomatie et coups dans le dos médiatiques – la guerre de la communication. Chaud, Lapetite de plus en plus volontaire, premier melon, premières cerises, le jardin expose ses couleurs ; Legrand, ses dessins.
[4] Très chaud. La maison est un four à cause de la verrière. Demain je gonflerai la piscine. Premiers abricots. Les tomates-cerises pointent dans le jardin. Lapetite tient son biberon d’eau à deux mains, elle est de plus en plus précise mais louche toujours autant quand elle fixe la tétine. Legrand écoute La balade de Cornebique de Mourlevat puis poursuit ses listes – programme du jour, du lever au coucher (il apprend à écrire tout seul, on lui donne parfois des conseils mais l’écriture phonétique est si logique : on voit vraiment comment on a complexifié notre orthographe en lisant le texte d’un enfant qui ne connaît pas toutes les règles). Quelqu’un m’écrit : « on dirait du Pennequin » ce qu’écrit Legrand et je trouve la remarque assez juste. Mal au dos, je ne peux rester assis devant l’écran, je m’allonge pour lirécrire, fenêtres ouvertes sur le ciel (il fait encore 29 dans la maison), j’entends les moteurs des scooters, celui d’un quad, les sirènes au loin, sur le périph peut-être, les voix de voisins qui dînent dehors, leurs enfants qui se chamaillent, les oiseaux. Les nôtres dorment sans drap ni turbulette – trouver le sommeil est si complexe depuis plusieurs mois que je trouve ça magique quand ils sombrent en quelques minutes : pas un soir où je ne les regarde pas, tous les parents font ça j’imagine, seul moment où il est possible de les regarder sans qu’ils aient besoin de notre aide, de notre avis, sans qu’ils se mettent à hurler, à chanter, là à chaque fois j’oublie que je leur ai tout donné dans la journée, et mon attention et mon énergie, à chaque fois la même chose : le sentiment de les aimer, d’être surpris d’éprouver cet amour-là que je ne ressens qu’avec eux, toujours ému de me dire qu’il faut qu’ils soient endormis et moi paisible pour ressentir à ce point qu’ils me manqueront quand ils ne seront plus là, quand ils vivront leur vie, leur vie sans nous. Bientôt l’anniversaire de C, une décade, ce soir sous la douche j’ai l’idée du cadeau.
[5] Réveillé par un orage violent au milieu de la nuit. Je regarde les grêlons percuter la verrière, s’amasser devant la porte d’entrée, dans le jardin, sectionner les branches des tomates-cerises. Legrand se réveille, pas Lapetite. Le bruit dans leur chambre, jamais entendu ça. Au matin, chacun dans le quartier témoigne, fait ses comptes, montre les dégâts. Ici les semis ont souffert mais pas les plantes grimpantes. Sur le chemin du marché, la route est un tapis de branches et de feuilles arrachées par l’orage. La chaleur est difficilement supportable dans la maison, on cherche des moyens pour faire circuler l’air entre les étages. Je gonfle la piscine et la mets à chauffer au soleil. Vers 16 heures, les enfants se baignent. Nouvel orage.