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vital journal viral #6

Du 19 au 25 avril 2020

Ce journal a débuté le 15 mars 2020 ; tenu au jour le jour, il est mis en ligne chaque dimanche sur ce site.

Dimanche 19 avril 2020

Je ne joue plus de la guitare depuis de nombreuses années et pourtant je ne me suis jamais séparé de mon électroacoustique ni de mon ampli. Parce que mon fils devait apprendre La mauvaise réputation de Brassens et Respire de Mickey 3D, j’ai pensé qu’on pourrait les chanter ensemble, lui et moi. Ces deux chansons, je les connais par cœur et par chance, je sais les jouer. J’ai demandé à ma fille de nous accompagner mais elle n’y tenait pas trop. Après maints pourparlers, nous sommes tombés d’accord pour ajouter à notre répertoire Balance ton quoi d’Angèle.
Une fois raccords, accordés, j’ai plaqué deux ou trois accords et nous avons tenté de respirer, de balancer, de réputer, sans prétention.

Relisant ma dernière phrase, je ne peux m’empêcher de réfléchir à ces mots si proches et qui ne vont pas toujours ensemble :

– les accords qui réunissent au minimum deux personnes, deux communautés, deux pays... : affaires, politique, diplomatie, unions et séparations, pensées et sentiments
– les accords de principe qui partent du principe que l’essentiel peut être ignoré
– les accords à l’amiable qui peuvent quelquefois être conclus entre deux clans rivaux
– les accords pensés, dépensés : penser d’accord, travailler d’abord (= restez chez vous, allez bossez !)
– les accords tacites qui peuvent être entendus sans être dits par deux parties qui s’entendent ou sont appliqués par deux parties manquant de courage
– les accords ratifiés, parfois en loucedé : ces prises de décision pour lesquelles nous ne sommes pas toujours d’accord
– les accords plaqués : chaque doigt sa case, sa corde
– les accords que nous laissons tomber : entre amoureux, quand l’un vient à plaquer l’autre
– les accords qui tombent : on appelle ça aussi des accrocs alors que nous nous étions d’abord mis d’accord
– les raccords partagés par plusieurs corps de métier : BTP, mode & haute couture, maçonnerie, peinture, gravure, cinéma, tapisserie, musique, théâtre, menuiserie, opéra, danse
– les raccords invisibles entre deux êtres qui se complètent parfaitement
– les raccords faits devant le miroir, trousse de maquillage ouverte, cœur battant
– les raccords parfois difficiles à entreprendre lorsque deux corps ne se retrouvent plus sur la même ligne d’accords
– les faux raccords sur pellicule pour éviter les têtes à queues domestiques
– les raccords à visser, à boulonner, à entuber et qui peuvent être de bons tuyaux, de faux plans parfois.

À l’heure des faux plans et des voix mal accordées, pardonnez-moi de ne pas avoir donné deux heures de ma journée au Premier ministre qui intervenait ce soir. L’essentiel ayant été résumé en quelques phrases par les journalistes du Monde, j’aurai bien fait d’utiliser ce temps pour habiter l’espace de ce journal – geste, certes, aussi vain, inutile et dérisoire que les décisions gouvernementales. Mais cet espace dans lequel moi aussi je gesticule est néanmoins ce qui me sert d’appui face à la part manquante, aux questionnements incessants et à tout ce temps que je ne peux faire mien. Et si ce journal ne laissera pas plus de traces que le nom de ceux qui s’accrochent à leur poste ou aux cordons de leur(s) bourse(s), au moins il me donne l’illusion depuis plus de cinq semaines de dialoguer ou disons de soliloquer sans me sentir seul.
D’ailleurs, est-ce moi, vivant, qui tiens un journal ou est-ce lui qui me (main)tient en vie ?

Lundi 20 avril 2020

« Eau Jour deux Huit, selle l’art oeufs prix z dé courts. »

C’est avec ce rébus envoyé par l’instituteur de ma fille que reprend l’école à la maison. Dans la foulée, nous recevons les instructions appelées « semaine de travail » suivies de deux vidéos : dans la première, le maître montre aux parents comment apprendre aux enfants à former les majuscules ; dans la deuxième, il dessine, avec lenteur, douceur et pédagogie, un visage face-profil cubiste, « à la manière de Picasso ». Ma fille devra réaliser le sien avant la fin de la semaine. De son côté, mon fils n’a pas beaucoup de nouvelles du collège à part un devoir en Histoire-Géographie sur la fondation de Rome et un autre où il doit décrire et analyser la Nature morte à l’échiquier de Lubin Baugin, tableau autrement appelé Allégorie des cinq sens. Un rendez-vous est également annoncé pour demain par le professeur de mathématiques mais aucun lien encore pour se connecter à la visioconférence.
Dans la journée, je reçois plusieurs mails de parents abonnés à la liste de diffusion de la FCPE. Beaucoup s’étonnent que leurs enfants n’aient pas de nouvelles, ni de leçon à apprendre ni de devoir à rendre. Un courrier diplomatique sera donc adressé à la principale. Soudain, un autre parent invective tout le monde. Son mail sent le dogme, la rhétorique. Il est plus que maladroit : malvenu. Entretemps, nous apprenons que le personnel du collège a réalisé une vidéo pour les collégiens. Défilent des hommes et des femmes – la plupart sont profs –, chez eux ; ils se montrent dans leur quotidien, jouent la comédie, écrivent des mots sur des feuilles, des murs, pour les enfants, en chantant La tendresse de Bourvil. « C’est trop, non ? », me demande mon fils. Moi, je suis bouleversé. Ces personnes ont choisi le métier d’enseignant. Ils aiment apprendre et transmettre. Les enfants leur manquent. Ils le montrent, le disent, ça se voit. Ils ont choisi une chanson qui m’a ramené plus de vingt ans en arrière. J’étais encore étudiant et, avec trois amis, nous avions repris cette ritournelle mélancolique. Je me suis revu à vingt-cinq ans, insouciant et plein d’envies de créer, de partager. J’ai refait le voyage dans l’autre sens, j’ai remonté le temps en quelques secondes et je me suis vu là, aujourd’hui, coincé chez moi, sans pouvoir vraiment travailler, sans même savoir si je pourrai encore payer le loyer de cet appartement dans quelques mois. Alors, oui, là, j’ai eu les larmes aux yeux. Et, tandis que mon fils ne voyait là que ses profs et qu’il était très partagé, de mon côté je regardais chacun de ces visages, chacun de ces êtres humains avec beaucoup d’émotion. Et soudain, sans doute submergé par ma sensibilité exacerbée, d’autres visages, d’autres noms sont venus les remplacer, des personnes à qui j’aurais aimé dire à ce moment-là : « Et la tendresse, bordel ! ».

Mardi 21 avril 2020

À force de demander à celui-ci ou celle-là de donner son avis, expertise, sentiment, sur la situation de la librairie, à force de pressions, le gouvernement et le magazine professionnel Livres Hebdo ont réussi à diviser la profession. Chaque jour, des libraires se voient contraints de s’engager dans un sens ou dans l’autre depuis qu’une brèche a été ouverte, celle du « click and collect », et d’informer leurs client.e.s de la possibilité ou non de retirer des livres devant leurs magasins. Il est donc désormais possible de commander des livres sur le site d’une librairie, de les réserver, de les payer et de les retirer à l’extérieur du magasin et à certains moments de la semaine. Quelle que soit la décision prise, les raisons évoquées sont assez semblables. Celles qui ne proposeront pas ce service doivent le justifier, celles qui le feront se justifient aussi. Risques sanitaires d’un côté, problèmes de trésorerie de l’autre. La profession est divisée quand ce ne sont pas des libraires qui se déchirent et des lectrices/lecteurs qui s’en mêlent. Tout le monde a son mot à dire et à lire.

Depuis une semaine ou deux, il est possible de se rendre sur le site Je soutiens ma librairie pour y dénicher les initiatives individuelles mises en place par les libraires. Toutes les actions y sont répertoriées : cagnottes, bons d’achat, livraison, entraide, pick-up. Localement, des discussions tentent de se faire ; y sont évoqués les problèmes rencontrés depuis plusieurs semaines, les peurs et angoisses liées au déconfinement progressif, la gestion des magasins, des livres en stock et à venir, du personnel – à court, moyen et long terme. Accepter d’écouter celui ou celle qui a un avis très différent du sien est très difficile.

Du côté de l’édition, quelques initiatives collectives commencent à voir le jour. Par exemple, les éditions Asphalte, La Baconnière, Aux Forges de Vulcain, Le Nouvel Attila, L’Œil d’or, La Peuplade, les éditions du Sonneur et les éditions du Typhon viennent de se réunir autour d’un projet commun, « Les livres de mars font le printemps », qui consiste à mettre en avant des livres qui devaient paraître au mois de mars et n’ont pas pu trouver leur public puisque les librairies ont fermé leurs portes au moment de leur parution. Depuis quelque temps, ces livres-là, on les appelle les « livres fantômes ».

Je connais deux autres livres fantômes, les miens : Va-t’en, va-t’en, c’est mieux pour tout le monde et La ville soûle. Avant même l’arrivée du virus, j’avais conscience qu’il serait difficile pour ces deux-là de se faire une place en librairie. La maison d’édition, publie.net, est encore mal connue ; elle s’auto-diffuse (c’est-à-dire qu’elle s’occupe elle-même de contacter les libraires un par un) et, hormis les blogs, elle n’est pas très reconnue par les organes de presse. Aurais-je formé des fantômes ? L’auteur d’un livre fantôme serait-il lui-même un fantôme ? Et si le livre n’existe pas, l’auteur existe-t-il ? Ni plus ni moins qu’avant la pandémie dans mon cas, je crois. Pas plus présent qu’absent, donc (une thématique présente dans l’un de ces deux livres d’ailleurs).
Ma présente absence et mon absente présence saluent donc mes fantômes.

Mercredi 22 avril 2020

Je reçois d’une des deux maisons d’édition qui me publient une fiche de droits d’auteur pour l’année 2019.
Résultat : 0 €
Cela signifie qu’aucun exemplaire du livre publié ne s’est vendu l’an passé.
Comme je n’ai jamais reçu de telle fiche de l’autre maison d’édition qui a publié deux livres, je ne sais pas combien d’exemplaires se sont vendus depuis leur parution. Le résultat, dans tous les cas, est le même : 0 €.
Le perdant magnifique que j’essaie d’être dans ses moments-là se console en se disant qu’au moins le résultat n’est pas négatif.
Pas comme Pôle Emploi qui m’aurait versé trop d’allocations et me réclame une centaine d’euros au moment où je fais du dos crawlé dans ma mine d’or.

*

Ce soir, vers 20h30, le grand-père maternel de mes enfants est mort, sans sa femme à ses côtés, dans une chambre d’hôpital, à Colmar.
C’est le premier de leurs grands-parents à mourir. C’était également le plus âgé.
Les enfants étaient chez leur mère aujourd’hui. Dans l’après-midi, ils avaient réussi à parler à leur grand-père au téléphone. Puis ils étaient sortis, avaient mangé et s’apprêtaient à revenir chez moi quand leur mère a reçu un appel de la sienne. On imagine la nouvelle. Mauvaise, la nouvelle. Et sans appel. Comme la décision que doivent prendre en ce moment les médecins dans les régions les plus touchées, face au manque de place dans les hôpitaux. Une personne de sauvée. Cette autre, non.
Leur mère partie, nous avons longuement parlé. Tristesse, sentiment d’injustice, colère : je les ai laissé exprimer leur douleur et évoquer leurs souvenirs de lui. Puis ils sont venus sur mon lit. Je leur ai proposé de regarder un dessin animé japonais, l’ordinateur sur mes cuisses, leurs têtes de part et d’autre de ma poitrine, mes bras les enlaçaient.

J’avais à peu près l’âge de mon fils quand mon grand-père maternel est mort. Avec lui partait le dernier fil me reliant à l’Italie. Pour mon fils, c’est un morceau de l’Alsace et de l’Allemagne aussi puisque son grand-père portait le nom d’une forêt berlinoise. Le mien était né près de Brescia, l’une des villes lombardes les plus touchées par le Covid-19. Il aurait eu un peu moins de 110 ans cette année. Le grand-père de mes enfants en avait trente de moins. Aucun des deux n’est mort des suites du coronavirus mais l’un pourrait être ce qu’on appelle désormais une « victime collatérale ».

Jeudi 23 avril 2020

Tentative de résumé partiel et partial des 6 dernières semaines :

Semaine 1 : Restez chez vous, allez voter !
Semaine 2 : Restez chez vous, allez bosser !
Semaine 3 : Allez bosser, mourez chez vous !
Semaine 4 : Sortez couverts, bouffez vos couverts !
Semaine 5 : La santé d’accord, l’économie d’abord !
Semaine 6 : Gardez chez vous vos enfants à l’école, démerdez-vous !

*

Tentative de construction partielle et partiale de l’emploi du temps scolaire à partir du 11 mai :

Lundi matin : les enfants nés avec une barbe de hipster
Lundi après-midi : les enfants qui ont lu La Recherche du temps perdu pendant le confinement
Mardi matin : les enfants qui sont plus âgés que leurs parents
Martin après-midi : les enfants qui finissent toujours leur assiette à la cantine
Mercredi matin : les enfants qui ont déjà marché sur la Lune
Jeudi matin : les enfants qui n’ont plus de RTT
Jeu après-midi : les enfants qui ont encore 20 rouleaux de PQ dans leurs toilettes
Vendredi matin : les enfants qui peuvent conduire une ambulance les yeux fermés
Vendredi après-midi : les enfants qui n’ont jamais dit : « Macron, démission ! »

*

Je suis souvent si ému par mes enfants, par leurs questions, leurs réparties, leur innocence, leur chagrin ; je suis si bouleversé par la situation (leur grand-mère esseulée et face à une administration dépassée, leur mère effondrée) que j’ai les larmes aux yeux en permanence. Déjà que nous ne sommes pas préparés à la perte d’un proche, comment débuter son deuil alors que personne ne peut voir la dépouille, que les funérailles ne pourront se faire qu’en présence de dix personnes et ne dureront pas plus de cinq minutes ?

Vendredi 24 avril 2020

Toute la journée d’hier j’ai pensé à ça : est-ce que les enfants accompagneront leur mère en Alsace ? Des voisins lui prêteront leur voiture. Cinq heures de route, cinq jours sur place au minimum. Pas d’école. Des risques sanitaires.
J’ai le sentiment qu’elle aura déjà fort à faire sur place : consoler sa mère qui désormais doit vivre sans la personne avec qui elle était mariée depuis cinquante ans et qu’elle soignait jour et nuit depuis des années, la nourrir, elle qui ne s’alimente plus, sans parler des tâches administratives et de la préparation des obsèques. Elles auront beaucoup de choses à se dire aussi. Elle aura peu de temps à consacrer aux enfants. Et elle aussi est épuisée, KO. Mais voilà, tout ça ne fait pas le poids face à la nécessité de dire adieu à son grand-père.

En fin d’après-midi, j’ai demandé conseil à la personne que j’aime et qui a plus de recul que moi. Elle m’a posé des questions, m’a fait des suggestions. Elle m’a aidé à aborder la discussion avec mes enfants.
C’était dur. Ils m’ont posé beaucoup de questions. Ils n’avaient pas faim. Ça ne passait pas. Mon fils a fondu en larmes. Il regrettait de ne pas avoir plus parlé à son grand-père qui lui avait promis, quelques heures avant sa mort, qu’ils joueraient aux chevaux ensemble l’été prochain. Cela a pris du temps mais il a fini par s’apaiser. Nous avons ensuite regardé la fin du dessin animé japonais et il s’est endormi, le visage détendu, souriant. Ma fille, elle, est très consciente et, dans le même temps, j’entends à sa façon de prononcer certaines phrases que quelque chose lui échappe. Elle est très triste, elle aussi, mais elle l’exprime autrement. Je vois bien les cinq années qui les séparent et l’âge de raison que l’un a dépassé depuis pas mal d’années maintenant et que l’autre n’a pas encore atteint. À six ans, elle est toutefois très impressionnante.
Mon fils aurait aimé voir son grand-père une dernière fois, et son corps. Je lui ai dit, vu les circonstances et les règles strictes, pourquoi cela n’était pas possible. Alors, il s’est mis en colère. Saine colère. Putain de virus !
Comme sa mère, comme moi, il est partagé. Il a envie d’aller en Alsace. Il a exprimé son besoin de se recueillir, d’accompagner sa mère qui est effondrée, de soutenir sa grand-mère qui ne s’alimente plus mais il a peur de la contaminer. Ma fille ne souhaite pas y aller.
S’ils restaient avec moi, je leur ai promis que leur mère ferait tout pour que les dessins réalisés hier matin seraient avec lui, dans le cercueil ou la tombe. Et que les obsèques, qui ne dureront pas plus de cinq minutes, seraient filmées.
J’ai également dit aux enfants qu’il y aura une cérémonie plus longue et qui réunira toute leur famille à l’automne.

Samedi 18 avril 2020

La mère de mes enfants est arrivée chez la sienne dans la nuit.
Ils dormaient. Je veillais. Pas sur le mort. Sur qui alors ?

Ce matin, ils ont eu la confirmation que les adieux dessinés et destinés à leur grand-père seront déposés dans le cercueil. Et que les obsèques, mardi, seront filmées.

*

Cet après-midi, nous avons joué au jeu du baccalauréat. Il y avait notamment des métiers à trouver. À la fin, j’ai attribué une palme à chacun, à l’une pour avoir proposé “tamtameur” et à l’autre pour “vachier”.

*

« Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l’histoire de l’être humain
Au début y avait rien au début c’était bien
La nature avançait y avait pas de chemin

Puis l’homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups de pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s’est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées

Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En deux temps trois mouvements l’histoire était pliée
C’est pas demain la veille qu’on fera marche arrière
On a même commencé à polluer le désert

(...)

D’ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n’auront plus qu’un œil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t’en as deux tu passeras pour un con

Ils te diront comment t’as pu laisser faire ça
T’auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C’est pas ma faute à moi, c’est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains

Tu leur raconteras l’époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l’herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient

(...)

Le pire dans cette histoire c’est qu’on est des esclaves
Quelque part assassin, ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
À moitié défroqués, cent pour cent misérables

Alors voilà petit, l’histoire de l’être humain
C’est pas joli joli, et je connais pas la fin
T’es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu’on remplit tous les jours comme une fosse à purin

Il faut que tu respires, et ça c’est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c’est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c’est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et ça c’est rien de le dire »

Mickey 3D, « Respire » in Tu vas pas mourir de rire (2003)


adieu au grand-père

L’adieu
Montreuil, 23 avril 2020

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le dimanche 26 avril 2020