Accueil > carnets & journaux > grains d’instants > quotidiennes XLIX (14/s38-39)
quotidiennes XLIX (14/s38-39)
_manger le ciel
#montreuil #auparc #lesguilands #lessaisons #regardeleciel [1]
_l’heure de la sortie
#montreuil #école #sortiedesecours #fuite [2]
_des listes, encore
#strasbourg #ricordi #servicedepresse #àlabougie #rouge [3]
_retour à Paris après un service de presse à 300 km/h
#quelquepartenfrance #parlavitre #undimancheenfrance #gareàsoi
_culture vitrière
#montreuil #garage #reflets
_brève histoire du temps
#montreuil #auparc #corderie [4]
_invasion progressive et durable de l’espace
#montreuil #parlavitre #invasion #planèteenfance
_Photos : Montreuil, Strasbourg, quelque part en France (15-28 septembre 2014)
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le dimanche 13 mars 2016
[1] Au parc, prendre le temps de manger le ciel et de boire quelques paroles (sans s’étrangler parfois), les yeux fermés :
– « Salut Jésus, ça va ? »
– « Vous profitez du soleil ? Ils annoncent de l’eau pour dimanche, faut profiter. »
– « Car is l’équivalent de voiture. »
– « Tu fais chier gros seins, deux fois que tu marches sur la route, j’t’ai déjà dit d’faire gaffe. »
[2] J’attends. En compagnie d’autres parents, des mères et des pères. Au parc, étrangement, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. J’habite ici depuis des années, j’arpente le quartier avec Lapetite depuis des mois, chaque jour je viens à l’école chercher Legrand où j’attends l’heure de la sortie mais une fois encore je me rends compte que je ne connais personne ou si peu : je suis un des piquets qui se mettent à remuer lorsque les portes s’ouvrent. Souvent, en cet endroit précis il m’arrive de prendre conscience à quel point je peux moi aussi être asocial.
[3] Des noms se succèdent, des statuts, des professions, des adresses parfois célèbres, des villes visitées : tu ne connais presque personne. Tu ne les connais pas tous et pourtant tu vas leur écrire un mot, à chacun une phrase ou deux et même signer affectueusement ou chaleureusement, cordialement le plus souvent, amicalement parfois. Deux semaines plus tard, tu découvriras par hasard un de ces exemplaires signés sur Internet : le vendeur indiquera « Jamais lu, jamais feuilleté, avec une intéressante dédicace ». Tu commanderas Ricordi au nom de ta compagne, livre qui te parviendra le lendemain par coursier. Tu ouvriras l’enveloppe puis le livre. Tu liras ton « intéressante » dédicace et le nom du destinataire qui n’aura jamais pris la peine de le « lire » ni de le « feuilleter ». Tu ne sauras jamais s’il aura été détourné avant qu’il ne parvienne au destinataire ou si ce destinataire, un journaliste qui ne doit pas avoir besoin d’acheter beaucoup de livres vu la quantité qu’il reçoit chaque jour, aura préféré, l’occasion faisant le larron, lever le masque avant de se faire déplumer.
[4] Ne te fie pas aux feuilles tombées, c’est bien de la jeunesse que la lumière s’inspire avant de l’aspirer.