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quotidiennes XXXVIII (14/s26)
_lumières dedans dehors #montreuil #nuit #lumières #parlavitre [1]
_« Pourquoi l’eau ? Dans ses recherches matinales, elle trouve que, en Crète, on enterrait parfois les gens dans l’eau et que, pour les vieux Grecs, la psukhé était liquide comme de l’eau et que tous, tous, si nous voulions honorer la vie, il fallait sacrifier à l’eau. À l’entrée de la chambre des dieux, dixit Euripide, dans leur dortoir commun, coulaient les sources immortelles et cela augmentait la félicité générale. Le chahut qu’ils devaient faire, les dieux, à patauger dans l’eau. » #lecturedumoment #stéphanebouquet #amaurydacunha #lesinaperçus [2]
_le dîner des fleurs #montreuil #aujardin [3]
_qu’est-ce qui fait bouger ? #montreuil #école [4]
_« Marcel et Hugo, à la fin, portent le même pull. Ils sont amis pour la vie. » #montreuil #exposition #écoleprimaire #apprentissage #lirécrire [5]
_les motards urbains : « démarrez et partez sans tarder » (une information) #montreuil #danslarue #lavilleécrit #nepas [6]
_chapeaux sur la route : « démarrez et partez sans tarder » (une application) #surlaroute #échappée [7]
_Photos : Montreuil et sur la route (23-29 juin 2014)
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le lundi 21 décembre 2015
[1] La maison prend l’eau. À chaque orage, éponges et chiffons passent du rebord des fenêtres au séchoir ; les seaux, d’une pièce à l’autre. À chaque jour, sa fuite, sa teigne. On ne compte plus les allées et venues dans la maison, les tentatives, les essais, pour réparer les pfuittt. Autre fuite (tentative) pendant la sieste : l’écriture.
[2] Gérer encore les réparations dues aux fuites, les allées et venues, écrire dans les pointillés, paparentaliser (pas pas rentable) et lire Les oiseaux favorables de Stéphane Bouquet (texte) et Amaury da Cunha (photos) aux Inaperçus, le plus lentement possible.
[3] Crampes : à minuit, deux heures et trois heures.
C. télétravaille. J’en profite pour m’occuper de la voiture et aménager la cour.
On veut la lumière, un accès direct au soleil et quand on l’a, on cherche par tous les moyens à s’en protéger.
Lapetite fait tatata, je crois entendre papapa.
[4] À une heure, je retrouve Lapetite en pleurs ; à deux heures, Legrand cauchemarde et réveille Lapetite. La fête jusqu’à 3 heures.
Lors des jeux avec Lapetite, son rire me fait oublier ses pleurs nocturnes. Ces moments d’allégresse effacent les mauvais, les nuits à ne pas dormir, à se réveiller toutes les heures en se demandant pourquoi. Pourquoi ? La question ne se pose plus quand deux grands yeux bleu-gris ouverts me fixent, regardent le moindre de mes gestes, de mes mimiques.
C. ce soir me dit que Lapetite m’imite : je ne savais pas que je penchais ma tête quand je la regardais.
À partir de minuit, les cris de joie, les coups de klaxon, les pétards. L’Algérie se qualifie pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football.
[5] Sur le marché de la Croix de Chavaux, je n’ai jamais vu autant de drapeaux algériens accrochés au-dessus des stands de fruits et légumes. J’avance et vais attendre mon tour sur le stand des msemmens, Lapetite est dans la poussette. Deux femmes s’engueulent pour savoir si elles sont devant ou derrière la poussette (et non devant ou derrière moi) ; c’est pourtant bien moi qui agrippe les poignées. Et si elles avaient raison...
À l’école, entre la chorale et l’expo, je remarque que le drapeau algérien figure sur le T-shirt ou le sweat de nombreux parents et de leurs enfants.
[6] Son sérieux, sa concentration, la bouche grande ouverte à s’en décrocher la mâchoire quand elle vient d’avaler sa cuiller de compote ou de purée et attend la prochaine, le front qui se plisse quand les sphincters se relâchent, le visage écarlate quand ça ne vient pas, les yeux qui louchent quand elle veut regarder un objet de près, ou un doigt, un jouet, le sourire édenté quand je la chatouille sur la table à langer ou lorsque j’entre dans la chambre, ses intonations, de la fable au reproche, quand elle s’entraîne, s’exerce, teste de nouveaux sons, de nouvelles fréquences, celles qui émeuvent, celles qui agacent, celles qui sans le vouloir mettent à bout ma patience.
[7] Petit à petit, le ciel nous échappe ; pendant ce temps trois chapeaux regardent le ciel qui vire au gris, le quatrième est resté dans la poche du kangourou.