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ricordi | chronique de Christophe Fourvel [NOVO #32]
Parés au décollage... ou comment, dans la chronique qu’il signe dans le dernier numéro de NOVO, Christophe Fourvel s’empare des Ricordi et des romans Méduses d’Antoine Bréa (Le Quartanier), Kirkjubaejarklaustur de Vincent Tholomé (Le Clou dans le fer) & Volare de Chiara Zocchi (Léo Scheer).
« Les livres de Bréa, Tholomé et Zocchi sont des romans qui puisent tout à la fois leur charme et leur drôlerie dans une bizarrerie « ontologique », souvent infime mais qui par un effet domino, peut parfois glisser jusqu’au burlesque. Ils constituent des mécaniques virtuoses où le grain de sable qui fait riper le rouage fictionnel pré-existe dans le mélange de base ; où le narrateur est un être d’une grande clairvoyance mais à peine assez « barré » pour infliger à ces tableaux narratifs la surprenante pincée d’ivresse qui en fait vaciller les lignes sans les rompre. Le thème importe peu ou peut-être beaucoup mais nous n’aimons jamais ces livres pour leur thème. Un se passe dans un fjord islandais au nom imprononçable et met en scène des personnages qui ont la foutue idée de se prénommer pareil ; les deux autres parlent d’amour et de chagrin et accordent toute leur confiance aux distorsions du vécu que nous ressentons du fond de nos détresses. Quant au livre de Christophe Grossi, il a l’allure d’un « Je me souviens » construit avec une mémoire d’outre-Alpes. Mais Ricordi, n’est ni une litanie de souvenirs personnels, ni la mémoire d’un pays. Mi ricordo, dit l’auteur, ici, ne veut pas dire « je me souviens » mais « Je est une mémoire » ou bien « Je se souvient » : je se souvient d’autres histoires que la nôtre et de vies arrachées au vide. Ce flou, instillé ainsi dans le portrait de celui qui parle est une aiguille plantée dans le bras du lecteur et qui diffuse tranquillement une essence étrangère au paysage connu. Elle invente un narrateur inconcevable et ainsi, une narration inédite. Nous voilà mis face à ce familier dont la littérature lorsqu’elle prend suffisamment au sérieux sa tâche, sait magnifiquement nous rappeler les lacunes et l’étrangeté. C’est là, il me semble, une des plus belles demandes que nous puissions lui adresser. » (Christophe Fourvel, NOVO #32, décembre 2014).
Infra, la capture d’écran de sa chronique mensuelle (« Le monde est un seul »). Pour feuilleter la version en ligne, il suffit de cliquer ici et de se rendre page 7 après avoir salué Fanny Ardant.
En juillet 2011, avec son autorisation, j’avais reproduit sur déboîtements une de ses chroniques (Dix mois de poésie) qui résonnait comme un cri. Vous pouvez la lire ici.
Les hasards et coïncidences étant ce qu’ils sont, au moment je m’apprête à mettre en ligne son « Décollage ! », j’apprends que Christophe Fourvel vient de recevoir le Prix Marcel Aymé pour Le Mal que l’on se fait publié par son fidèle éditeur La Fosse aux ours.
On le remerciera donc et on le félicitera également !
Chronique de Christophe Fourvel dans le numéro 32 de NOVO, décembre 2014.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le lundi 1er décembre 2014