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Laurent Herrou | 16 septembre 2003

À Henri Dhellemmes :

« j’ai essayé de vous appeler hier après-midi, je voulais vous poser LA question, celle qui me semblait importante à ce moment-là : puis-je vous appeler ?
je veux dire, voilà les auteurs : parfois on a besoin d’être rassuré, c’est complètement stupide ou irrationnel, mais c’est ainsi – en même temps j’avais pleinement conscience du travail que vous aviez sans doute…
donc le dilemme : ne pas vous appeler, que tout roule et qu’au bout du compte vous me trouviez froid et efficace
ou bien : vous appeler et vous confirmer que je suis bien comme tous les autres, paranoïaque et déséquilibré
je vous souhaite en bonne santé et en plein travail
à bientôt »

Jean-Pierre entre dans la chambre et m’évite d’être ridicule : je n’envoie pas.
Parallèlement, j’ai la sensation de rejouer la scène avec Dustan : je n’ose pas téléphoner à mon éditeur de peur de l’ennuyer. Je n’ose pas appeler, je n’appelle pas, je me lamente et me flagelle devant mes boîtes vides (virtuelle et postale), je tue le temps en jouissant mal, je geins, me réfugie à la Fnac où je vide des bacs en continu, consulte les messageries, les bases de données, déjà je me cherche – et me trouve parfois : le site de la Fnac où la parution est annoncée au 15 novembre, sans plus de précision du nombre de pages, et sans encore la photographie de couverture. On a renvoyé le papier signé par Jean-Pierre, à l’heure qu’il est H&O a dû le recevoir. Et penser à moi.
Lorsque j’ai téléphoné hier, dans l’après-midi, la sonnerie a retenti dans le vide avant que le répondeur ne prenne le relais : je ne suis pas allé jusqu’au bout de l’annonce, j’ai raccroché. Bien entendu j’ai envisagé le pire. Et puis…
Mardi soir.
On dîne avec Benoît, j’ai déjà mangé une pizza à midi, avec un verre de Saint-Didier, j’ai eu soif toute la journée au boulot, et une haleine que j’imagine des plus immondes (quatre fromages). J’ai ri avec Manu, avec Marie. Séverine pète les plombs, elle a demandé sa mutation, il y aurait des places à Perpignan – elle hésite. Ils ouvrent une nouvelle Fnac à Lorient, deux de ses anciens collègues du Havre postulent – elle hésite. Anne est en vacances pour trois semaines, et Jean-Pierre et moi prévoyons de monter à Paris pour le week-end de la deuxième Nuit Blanche.
Je vais assez bien, de mon côté.


_résidence Laurent Herrou | Avant | 16 septembre 2003

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le mercredi 6 novembre 2013