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Laurent Herrou | Avant | 29 août 2003

11:00.
Ça a pris plus de temps que prévu. J’ai eu plus de mal à trouver. Mais : j’ai joui. Bien. Avec un type bien. En ligne. Il n’y a rien de plus à en dire. Je me demande même s’il y a quelque chose de plus à dire.

Oui.
On a fait l’amour hier. Jean-Pierre et moi. Après la page du journal, il s’est allongé sur le lit. Il était nu, il ne demandait rien. J’aurais pu tout aussi bien rester sur ma chaise, il aurait pu ne rien se passer. Mais c’est un choix que j’ai fait que celui de m’allonger sur lui malgré la chaleur, et son corps déjà en sueur. Il a dit : oh ! Oui… Lèche mes seins. Je me suis exécuté. De fil en aiguille on s’est retrouvé tête bêche. À se pomper la queue. J’avais la sienne bien plantée au fond de la gorge, j’étais sur le dos. Ses fesses dans mes mains, je leur donnais un mouvement rythmiquement parfait, qui enfonçait sa queue jusqu’au fond, ses couilles au bord de mes lèvres à chaque fois. Il a voulu arrêter, il a dit : je vais jouir. Je n’ai pas voulu qu’il s’arrête, qu’il ne jouisse pas. J’ai gardé le même rythme, la même perfection. La montée du plaisir, en soupirs enchaînés ; puis le goût au fond de la gorge, quand le sexe se vide et que le sperme tapisse les amygdales. Jean-Pierre a continué à me masturber, je ne lâchais pas sa queue, que je cajolais, léchais encore. J’ai joui en donnant des coups de reins. Il a demandé ensuite si ça avait été bon pour moi aussi. J’ai répondu que j’adorais sucer. Que j’y prenais un plaisir incompréhensible, démesuré. Ce n’est pas ce qu’il voulait savoir, il voulait que je lui dise que ma jouissance avait été aussi intense que la sienne. Mais je ne donne pas ce que vous voulez entendre.
On a donc fait l’amour hier, après la page où je disais que nous ne le faisions plus. Ça n’a pas empêché la jouissance solitaire ce matin. Ensuite je suis allé à la piscine, c’était presque désert, ciel couvert et bourrasques de vent. J’ai nagé en paix. Abdominaux le matin, et natation à midi. Demain, nous y monterons tous les deux, puisque c’est samedi, que Jean-Pierre ne travaille pas. J’ai déjeuné avec Séverine et Marie, elles ont évoqué la Fnac et les problèmes récurrents, je m’étais promis de ne pas me laisser prendre au piège, j’ai tenu bon. Ne pas me laisser dépasser. J’ai souri, j’ai compati. J’ai dit que j’avais pris vraiment de la distance par rapport à la Fnac, avec ces deux mois d’arrêt. Françoise est passée, a demandé si je reprenais véritablement en septembre, elle s’inquiétait pour la place de la fille qui me remplace, se demandait s’il fallait la prolonger – ce qui n’est pas son rôle. J’ai dit à Séverine que si la responsable avait quelque chose à me dire, ou à me demander, elle connaissait mon numéro ; elle a répondu qu’Anne lui avait en effet demandé de mes nouvelles, et si je reprenais bientôt. La responsable ! Quand on a évoqué les nouveautés de l’équipe, j’ai demandé s’il n’y avait pas de départ prévu, quelqu’un enceinte, j’ai dit : Anne ne part pas ? Je voudrais. Je m’en fous en fait. Qu’elle reste, qu’elle parte. Qu’elle vive. Je ne travaille pas à la Fnac depuis deux mois, j’ai pris de la distance vis-à-vis de l’emploi. Du moins je veux le croire. Je veux croire que la première journée de reprise ne sera pas suffisante pour me mettre les nerfs en boule. Je ne peux pas travailler à cent pour cent, je ne veux plus. Ni à cent-dix pour cent, pour rattraper les autres. Ne plus y penser. Je vois le médecin le 10, on verra alors. Marie a dit : si tu n’es pas rétabli complètement, tu ne devrais pas hésiter à prolonger ton arrêt. Comme si ça ne tenait qu’à moi. Je me fous un peu d’un arrêt prolongé ou de la reprise du travail : je me suis reposé pendant ces deux mois, je pourrais continuer, ou reprendre. Je n’oublierai pas de poser mes congés : j’ai quatre semaines encore à prendre, et douze jours de RTT avant mars. Je vais en profiter.
Il y avait un message de Michel en réponse à mes interrogations égocentriques, et j’ai reçu un appel de Claire hier. Il y a des écrivains autour de moi. Sur le site de H&O, ma photo a descendu un peu dans la page d’ouverture, mais elle y est toujours : il y a des nouveautés plus nouvelles que ma sortie annoncée. Je suis là, quoi qu’il en soit, je suis toujours là. Michel écrit : « J’ai fini de relire mes épreuves, les ai postées ce matin, mon travail est fini. » Je voudrais en être là à mon tour. Septembre dans quelques jours. Et pas de nouvelles de Henri Dhellemmes. J’ai hâte d’être en septembre.
J’ai dans l’idée d’adresser cette année encore les pages du journal de septembre à Hubert Colas. C’est une idée qui a germé cet été, j’imaginais, plus tard, un titre : Septembres. Je peux l’écrire ici, il ne recevra pas cette page-là.


_résidence Laurent Herrou | Avant | 29 août 2003

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le samedi 19 octobre 2013