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métropisme 1


 
 
 
 
 

il a des mains délicates celui qui lit L’Équipe mais plus de visage,
pas comme la fille en face de lui, noirs et rouges les yeux les joues,
qui mâchouille un kebab en hurlant le prénom d’un qui l’aurait quittée
(un prénom qui revient plusieurs fois, tout en p en r en t,
un prénom réduit en miettes qu’elle projette autour d’elle).
et ce type la dégoûte et l’écœure maintenant que.
il me fout la gerbe, la gêêêêêrrbe, lâche-t-elle.

parce qu’ils portent tous les deux le même jean straight,
je me dis qu’ils vont descendre ensemble à Oberkampf.
et c’est le cas.
puis non.
il se ravise, se rassied, elle s’en va seule.
le journal est tacheté de tomatoignonsalade.
je m’installe à la place de la fille, contre la vitre.

elles se mettent une de ces pressions,
des fois on ne se reconnaît plus dans l’autre qui est en face de nous
,
dit quelqu’un derrière moi.

ça dure quelques secondes pas plus mais une phrase pareille, ça résonne longtemps.
 

ligne 9, entre Nation et République

 
 

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le vendredi 9 mars 2012