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métropisme 14
elle, debout, demande mais y a personne pour couper cette alarme ?
rien
puis quelqu’un, voix masculine dans la foule, répond t’as qu’à descendre si t’es si maligne.
(l’alarme toujours, un bip, le train de l’autre côté qui repart :
rhiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuuuuuuuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrrrrrrrfffffffff)
— qui a dit ça, qui a dit, quel est le fumier qui a dit ça ?
rien
alors elle donne un coup de sac au type devant lui qui ne parle pas français et se protège la tête comme il peut ;
la suite ressemble au far west ;
les portes finissent par se refermer, les yeux aussi mais pas longtemps :
Ennio Morricone était en embuscade
(seuls les trois sourds et muets ne se retourneront pas).
trois stations plus tard, l’homme à la sonnerie morriconienne tient la barre,
– un gogo dancer on dirait
(est-ce que j’aurais aimé faire ça ?) –,
un grand type, très jeune, grosses Ray-Ban, treillis blanc multipoches, blouson tout droit sorti d’un film de Pasolini : fermetures Éclair cousues sur un cuir très brillant – effet plastique c’est fantastique – et fausse fourrure au col ;
quand sa main gauche n’empoigne pas son menton c’est l’index droit qui vient remonter ses lunettes,
lui aussi joue au cow-boy, le dandy gominé, légèrement iroquois ceci dit
(les quelques mèches sur le front : un reste d’enfance) ;
il se tient debout face aux portes vitrées, contre la barre, se mire, répète – gestes, mimiques, regards –, scanne dedans dehors, sans oreillettes, l’harmonica est dans sa tête.
— ouais t’es où ? ok bisous ma femme... hein ? quoi ? qu’est-ce que j’t’ai dit ? vas-y... vas-y j’te dis... ton frère mort de rire, laisse tomber ton frère l’autre mort de rage... ... .... j’t’appelle comme je veux ma femme... ouais ben pas maintenant... non pas maintenant ma femme... ce soir j’te dis... pas là pas là ma femme pas là... on se parle sur sms ce soir... quoi ? hier soir... mes potes... hein ? quoi mes potes ? ouais ben je danse... je danse... je danse... je bouge quoi... j’fais que c’qui me plaît ma femme... ouais c’est ça ouais...
ligne 6, entre Raspail et Nation
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le samedi 30 juin 2012