christophe grossi | lirécrire

Accueil > f(r)ictions > archives > kwakizbak > kwakizbak #47

kwakizbak #47


 
 
Kwakizbak doit se rendre au tribunal, c’est assez urgent : on lui reproche d’avoir mis le feu de manière intentionnelle à des dépôts abandonnés, à des entrepôts vidés, oubliés, à des hangars délabrés ainsi qu’à des friches industrielles. À quelques arsenaux aussi.

– Et mes remises, n’oubliez pas mes remises, crie quelqu’un dans la salle.

– Personne n’est mort, répond Kwakizbak. Et puis toutes ces usines ont été désaffectées depuis que leurs patrons ont choisi d’en installer de nouvelles à l’étranger. Pareil pour les arsenaux : l’armée a levé le camp.

– Ce n’est pas une raison pour incendier notre ville, notre patrimoine industriel et militaire, notre fierté. Et puis c’est dangereux. Vous auriez pu blesser quelqu’un ou quelque chose, des SDF, des performers, des animaux perdus, des couples illégitimes. Vous avez pensé à tout cet écosystème qui ne vous avait rien fait ?

Kwakizbak, acculé, ne trouve rien de mieux que de se changer en plante carnivore mais sa transformation ne fait rire personne, surtout pas les jurés qui décident à la majorité de lui couper la tête.

Avant de quitter le tribunal Kwakizbak se retourne vers la salle et annonce au public engourdi que la veille, tandis qu’il errait dans le quartier, il avait vu à quoi pouvaient s’amuser ces mêmes jurés en pleine nuit et en toute légalité chez eux.

– C’était pas beau à voir vous savez. Ils devaient réviser leur jugement, j’ai pris des photographies.

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le mardi 11 mai 2010