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traverser #7

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(Trente-quatre...)

En vérité, traverser la route nationale quand dans leur tête ils étaient déjà tous à jouer à saute-moutons de part et d’autre de la frontière, c’était pas simple. Tu avais pourtant cherché des solutions, il n’y en avait pas. Tu avais pensé à des compromis possibles, il ne pouvait y en avoir. Tu avais cherché les noises, tu n’étais pas bien armé. Tu avais feint de t’évanouir, ils ne t’avaient pas vu. Tu avais craché, gueulé, montré tes fesses, tendu des pancartes, tu étais devenu transparent. En toute logique, tu avais fini par penser que tu n’y arriverais jamais, que tu ne pourrais jamais passer de l’autre côté. Quand je parle de l’autre côté, je pense à la mort, toi tu pensais route, trottoir et eux, frontière, pays. Sans le savoir on parlait tous de la même chose en réalité. Pour tout le monde, c’était la même chose. Il aurait suffit d’apprendre à traverser. Ou de ne plus vouloir du tout. Mais pouvais-tu continuer à t’abstraire encore longtemps ainsi, combien de temps allais-tu rester comme ça, de moins en moins droit, alors que tu arrivais à peine à

(... Trente-cinq.)

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le dimanche 17 avril 2011