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va-t’en journal | un objet d’étude et des cadeaux


 
Cela fait une petite dizaine de jours maintenant que Va-t’en va-t’en c’est mieux pour tout le monde est en ligne. Après avoir reçu un accueil des plus surprenants on aurait pu penser que les choses allaient rapidement se tasser pour ce texte car les livres numériques n’ont pas la vie dure, dit-on ; les livres numériques s’oublient aussitôt lancés sur la toile, dit-on encore ; avec Internet c’est le zapping permanent, lit-on par ailleurs. Mais ce n’est pas parce que le livre numérique en France n’est pas pris au sérieux dans la presse traditionnelle, ce n’est pas parce qu’il y a tout un tas de personnes sceptiques, réfractaires voire hostiles aux livres numériques, ce n’est pas parce que les auteurs web ne font pas la une des journaux et des magazines qu’il ne se passe rien. Voilà ce que j’ai pu découvrir ces dix derniers jours. Au contraire, la toile réserve des surprises immédiates que les système et modèle traditionnels ne permettraient pas (j’y reviendrai à la fin de ce billet). Combien de fois, par exemple, ai-je lu que la proximité avec l’auteur est devenue une donnée importante pour les lecteurs ? Pouvoir échanger, s’adresser directement à lui via son blog, son site ou les réseaux sociaux, laisser un commentaire, mettre en ligne un extrait, une note personnelle, sont en effet des pratiques courantes aujourd’hui chez bon nombre d’internautes. Certes, de nombreux auteurs refusent ce jeu, cette proximité-là, préférant se protéger ou rester le plus loin possible de ces nouveaux usages. Mais d’autres au contraire, tout en publiant en papier ou en numérique, alimentent blogs et sites en temps réel, n’hésitant pas à dialoguer avec les lecteurs, à partager, à rebondir, à "écrire avec" (voyez les vases communicants par exemple ou encore les projets collectifs d’écriture (le convoi des glossolales, les 807, Général Instin,...)). Alors oui pour beaucoup un mythe s’effondre sans doute...

Depuis une bonne semaine j’observe ce qui se passe sur Internet à travers un nouveau prisme : ce texte récemment publié. Un peu comme s’il avait été écrit par quelqu’un d’autre – ce qui n’est pas trop difficile puisque écrit depuis longtemps et publié depuis peu, on peut dire qu’en effet il ne m’appartient plus. Je me suis même dit qu’il allait devenir un objet d’étude pour moi et m’aider à comprendre ce qui se passe actuellement en ligne. Car loin d’être le meilleur livre numérique du catalogue de publie.net, Va-t’en va-t’en... a pourtant reçu un accueil des plus généreux et continue d’être relayé, acheté, lu... L’éditeur a même fait savoir ce week-end sur twitter que c’était la meilleure vente de la semaine (j’ai assez de pratique dans les métiers du livre pour savoir que ce ne sont pas les meilleurs livres qui se vendent le mieux mais les plus consensuels). Alors pourquoi ? Est-ce dû (et je n’avais pas pensé à ça avant) à mon implication sur Internet via ePagine et déboîtements ? Mais je ne suis pas le seul auteur publié à bloguer et à écrire des statuts sur Facebook ou des tweets. Est-ce lié à la période (sachant qu’il a été mis en ligne à un moment de l’année où l’on aime parler de ce qui "vient de sortir") ? Est-ce que le livre numérique est en train d’être pris au sérieux en France ? En réalité je n’en sais rien.
 
 

 
Ce que je sais en revanche : on m’a encore gâté cette semaine. Tout d’abord Christine Zottele, qui le 22 août avait publié un billet sur son blog etsansciel (premier pas) pour dire avec quelle facilité elle venait de se procurer ce texte a, deux jours plus tard (la porte) et encore le 25 août (Justin), récidivé. Elle s’est même emparé de Va-t’en va-t’en... pour écrire deux textes des plus étonnants (ce que Franck Queyraud avait également fait avec son cut-up). Samedi matin, alors que je suis occupé ailleurs et ne peux pas me connecter, Philippe Diaz (alias Pierre Ménard) met en ligne sur liminaire dans la rubrique "Radio Marelle" (Poésie sur écoute 180) ce que dans mon texte j’appelle "la bande originale du journal (la B.O.J.)", chose que techniquement j’aurais été incapable de réaliser. Pour ceux qui n’auraient pas lu Va-t’en va-t’en..., il s’avère que dans le texte de nombreux artistes, chanteurs, groupes et musiciens sont cités et qu’à la fin du livre je propose une playlist. Pierre Ménard m’a pris au mot, a créé un fichier à télécharger et à écouter en ligne pendant 2h30. Si ce n’est pas un cadeau ça je me coupe une oreille ! Surtout qu’il y a là aussi une présentation très soignée de ma pomme et du texte (avec extraits). Alors bien sûr il y a des manques et des oublis dans cette playlist. Si Gianmaria Testa, Theo Hakola et d’autres n’y figurent pas, ce n’est pas la faute de Philippe/Pierre mais parce que je ne les avais pas notés. Le même jour, samedi après-midi, Laurent Margantin publie sur son site Oeuvres ouvertes un billet dans lequel je retrouve un lieu connu de Va-t’en va-t’en..., la librairie L’Écritoire à Semur-en-Auxois, accompagné d’un extrait et d’un petit mot très sympathique. Là encore c’est une délicate attention. S’ensuit sur twitter une discussion entre plusieurs internautes (g@rp qui a également alimenté la page créée par Brigitte Célérier sur Babelio, Hervé Jeanney et Laurent Margantin himself) sur les villes traversées dans mon texte qui les ont marquées. D’avoir provoqué ça inconsciemment me réjouit c’est évident. C’est sur twitter encore que je reçois un peu plus tard un message m’indiquant que Cathy du blog Tu lis quoi ? a lu le texte d’une traite, en apnée : un cadeau supplémentaire. Ne pouvant répondre à ce moment-là, me disant par ailleurs qu’il s’en passe des choses sur Internet le week-end, ravi d’avoir pu suivre à rebours ces bonnes nouvelles je me suis décidé à écrire ce long billet où, renvoyé à ce que j’imaginais être un objet d’étude, je me sens malgré tout un peu essoufflé.

Ici va s’inscrire maintenant un mot que j’ai dû écrire des dizaines de fois ces derniers jours et qui j’espère n’a pas perdu de sa valeur. MERCI !

P.S. : Comme lors du précédent billet les photos du jour auraient pu figurer dans le livre. On dira que c’est un bonus.
 
 

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le lundi 29 août 2011