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ricordi | feuilleton #5 dettes

113. Mi ricordo
de la guerre de Fenoglio auprès des foulards bleus dans les collines.

 

117. Mi ricordo
qu’on disait que Pavese était un attentiste mais aussi un écorché vif, un homme extralucide mais un très grand poète.

 

160. Mi ricordo
du très beau portrait que Natalia Ginzburg fait de Pavese peu de temps après sa mort sans jamais le nommer une seule fois.

 

262. Mi ricordo
d’une lettre écrite par la sœur de Fenoglio, de la perquisition des républicains dans la maison familiale.

 

335. Mi ricordo
que « les survivants ont le devoir d’écrire une histoire de leur propre “grain de sable”. » (Luciano Bolis)

 

334. Mi ricordo
que parfois l’attente de Fenoglio et des siens ressemblait à celle décrite par Dino Buzzati dans Le Désert des Tartares.

 

429. Mi ricordo
que Cesare Pavese et Beppe Fenoglio étaient fascinés et obsédés par les collines.

 

Extraits de Ricordi à paraître le 7 octobre 2014 à L’Atelier contemporain : textes de Christophe Grossi, dessins de Daniel Schlier, prière d’insérer d’Arno Bertina.

 
 


Les ricordi se sont notamment construits autour de l’œuvre et de la vie de quelques grandes figures littéraires italiennes : Beppe Fenoglio tout d’abord qui a écrit des romans essentiels sur le quotidien des partisans dans les collines piémontaises et sur l’après-guerre en Italie, Fenoglio qui était également un très bon traducteur de l’anglais et un personnage incontournable d’Alba dans les Langhe, ces collines qui dominent Turin, collines qui sont les personnages principaux de ses romans, collines qu’il arpentait sans cesse, collines qui le fascinaient autant qu’elles sont omniprésentes dans l’œuvre de cet autre écrivain turinois, homme d’en bas, lui, homme de la ville qui rend fou, homme qui n’aurait pas pris part au conflit : Cesare Pavese.
Hormis cette obsession pour les collines, les deux hommes, bien que très différents, ont un autre point en commun : ils ont treize ans d’écart, écart qu’ils garderont à jamais, tous deux mourant quasiment au même âge, à quarante-deux ans (qui est mon âge aujourd’hui). Quand Pavese meurt l’année où son roman La bella estate (Le bel été) est couronné, Fenoglio s’apprête à publier ses deux premiers livres : I ventitrè giorni della citta di Alba (Les Vingt-trois Jours de la ville d’Albe) et La malora (Le Mauvais Sort). Quand Fenoglio meurt à Turin en 1963, il laisse derrière lui de nombreux textes non publiés (par exemple Il partigiano Johnny (La Guerre sur les collines) ou La paga del sabato (La Paie du samedi)), et ça fait déjà treize ans que Pavese s’est suicidé dans une chambre d’hôtel de cette même ville, nous léguant, entre autres inédits, son journal Il mestiere di vivere (Le Métier de vivre), publié en Italie dès 1952.

D’autres textes (romans, récits, nouvelles, poèmes...) ont compté dans la préparation des ricordi. Je ne les citerai pas tous, simplement ceux qui ont accompagné l’écriture au plus près, notamment Casa d’altri (Maison des autres), le chef d’œuvre de Silvio D’Arzo ; Nell’opera del mondo (Dans l’œuvre du monde) de Mario Luzi ; Ragazzi di vita (Les Ragazzi) et l sogno di una cosa (Le Rêve d’une chose) de Pier Paolo Pasolini ; La giornata di uno scrutatore (La Journée d’un scrutateur) et La speculazione edilizia (La Spéculation immobilière) d’Italo Calvino ou encore Il mio granello di sabbia (Mon grain de sable), ce récit brûlant sur la torture de Luciano Bolis.
 



 
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écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le jeudi 11 septembre 2014