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sensualité (10/10/12)
« La villa Luigia. Je suis devant le portail, je frappe et refrappe, je secoue la chaîne, je grimpe, j’écorche mes doigts aux murs trop hauts. Je plie les branches des saules jusqu’à les rompre. J’appelle je crie je tends l’oreille. J’écoute si quelqu’un vient tirer les volets ou descendre les escaliers de marbre. J’écoute et j’attends. Rien d’autre.
Tac-tac, tac-tac, le staccato du train rythme ma rêverie. Tac-tac, tac-tac à la lisière des pins au-dessus du lac. Ces mesures à quatre temps me ramènent aux étages de la villa. Les fenêtres des chambres toujours ouvertes n’éloignent pas le cahot des rails. Tac-tac, tac-tac, les bras de Simona m’enserrent. Dans la chambre elle aime prendre la pose. L’air boudeur, les lèvres et la bouche circonflexes. Une mélancolie de fin d’été.
Depuis le ponton, je reconnais la dentelle des rideaux, la couleur verte des volets et les façades craquelées, envahies de vigne vierge et d’inscriptions amoureuses. »
Sébastien Berlendis, Une dernière fois la nuit, Stock / La Forêt, 2013.
_photo : Paris (rue de Mézières), 10 décembre 2012
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien. Parallèlement à ce projet je continue d’alimenter mon carnet d’instantanés sur Instagram où je poste désormais (sauf exceptions) une photo légendée par jour.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le dimanche 23 février 2014