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Laurent Herrou | 7 octobre 2003

Quelques mots avant le départ en ville, pour la Fnac. Jean-Pierre m’a écouté hier soir, je ne savais plus où j’en étais vis-à-vis du boulot, je voulais demander un rendez-vous à Anne, lui proposer un ultimatum : je m’occupais de deux rayons et j’étais augmenté immédiatement. Jean-Pierre m’a regardé comme si j’étais un idiot, il a dit : qui t’a demandé de t’occuper de deux rayons ? J’ai répondu : personne… Mais que c’était implicite dans leur façon de laisser les choses aller à vau-l’eau, qu’il fallait s’occuper de deux rayons pour pallier les manques de personnel. Il a répondu : alors pourquoi veux-tu qu’Anne t’augmente ?!! Ça tombait sous le sens. Si tu peux t’occuper de deux rayons, elle dira : vas-y. Si tu refuses, elle dira que tu mets de la mauvaise volonté, et tu l’auras une fois encore dans le cul…
Il m’a attendu devant la salle du kiné après notre petite discussion : j’ai fait quelques mouvement de gym, pour le coude, Pascal a demandé comment ça allait, je lui ai montré que je tendais le bras quasi-normalement, j’ai dit que j’étais super content, il a répondu qu’il servait à ça. Jean-Pierre m’attendait en bas, je suis resté vingt minutes au total dans la salle (j’y retourne ce soir), puis on est rentré à la maison regarder Les parents terribles adapté par Josée Dayan (Nicole Garcia, incroyable…). J’ai résisté à l’envie de me connecter, je voulais savoir si Hubert Colas, au moins, me remerciait – ou se désistait – à propos de septembre ; ce matin il y avait deux e-mails qui ne s’ouvraient pas de Sylvie, un d’Isabelle d’ArtJonction avec des phrases choisies de Desproges et un e-mail de Manu, à propos de l’industrie du disque, je croyais que c’était personnel, qu’il allait me parler de mes textes (c’était amusant, hier au déjeuner, je discutais de l’industrie du disque avec Kuta) mais ce n’était en fait qu’une blague d’assez mauvais goût sur Noir Désir. J’ai enregistré l’adresse de Manu dans mon carnet d’adresses (recréé), et je suis passé sur le compte cul. Il n’y avait pas eu de réponses à mes envois en nombre d’hier, j’avais pris cinq ou six photos magnifiques de mon corps à poil, lumière bleue qui venait du vasistas derrière moi et auréolait mon cul, et mon torse et ma queue en plein éclairage, surexposés. Franchement de bonnes photos, que je devrais imprimer, conserver, il faudrait en faire quelque chose – peut-être les envoyer à Henri, en Allemagne (si Henri existe toujours, à l’adresse qu’il m’avait donnée il y a deux ans). Henri, Eric M.… Les ours reviennent à l’attaque. Ils s’emparent de ma tête. J’ai retravaillé Chester et Paul dimanche, on faisait l’amour Jean-Pierre et moi, et les ouvriers ont cogné à la porte alors que j’avalais sa queue et que je branlais la mienne, affamé, il m’a enfermé dans la chambre, a dissimulé son érection (mal, dans un slip blanc, moulant), j’ai rejoint l’écran, le texte, les mots, je me suis branlé en écrivant, sans jouir – j’ai joui hier matin, mal, après avoir fait mes merveilleuses photos, que je ne pouvais échanger avec personne parce que personne (je veux dire : Kell, Dad, Randy, etc…) n’était en ligne. J’ai retravaillé Chester et Paul, j’ai essayé de dire à Jean-Pierre que ce texte avait un intérêt, évidemment, mais il ne voulait pas m’écouter, il disait que c’était un texte inutile, puisque pornographique, je ne pouvais pas le convaincre en le lui donnant à lire puisqu’il n’était pas encore terminé, abouti, me manquait encore une dimension que je ne lui trouve pas encore – mais qui pointe son nez (mots minutieusement choisis : « dimension », « pointe ») dans le brouillard de mon talent.
Talent, oui, j’ose le mot.
Hier, désespéré, au travail, j’ai pris en mains la réédition de Normalement en poche, et j’ai cherché mon nom, ou le simulacre de mon nom sous la plume d’Angot : « Laurent Héron » apparaît dans les premières pages « avec sa grosse écriture ronde ».

E-mail :
« Bien reçu !
Ça part à l’imprimerie en début de semaine prochaine. Je vous tiens au courant pour la suite.
Bien cordialement.
H.D. »


_résidence Laurent Herrou | Avant | 7 octobre 2003

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le samedi 23 novembre 2013