Laurent Herrou | Avant | 22 juillet 2003

Passé sous la douche, sans plastique autour du plâtre, en prenant soin de ne pas le mouiller. Pris une douche presque normale, en somme – dans mes rêves, la nuit dernière, ma grand-mère avait scié le plâtre, je me réveillais libre, elle me faisait promettre, seulement, de faire attention. Lavé donc, effacé, je crois, cette odeur de moisi qui me poursuit depuis ce matin, depuis que j’ai rejoint la chaise face à l’ordinateur, pour le travail. Jean-Pierre dit : si tu ne te laves pas, tu pues, c’est logique ! Moi j’ai le sentiment de moisir plutôt, je dis : je pourris. Hier soir, aucune patience, je me suis effondré vers dix heures, il fallait que je dorme, j’avais peur d’être désagréable, d’agresser Jean-Pierre.
Presque trois heures de l’après-midi. Il faut écrire lentement, pour ne plus transpirer. Il faut écrire lentement, ne rien précipiter. Après la douche, je me suis dit qu’il ne fallait plus écrire, j’avais peur du retour de l’odeur, qu’elle ne m’ait en fait pas quitté. Mais jusque là, rien. Rien, je crois. Ne pas en faire trop.
Ne pas écrire trop.
J’ai terminé les corrections, j’ai renvoyé le texte à Henri, lui demandant de me rassurer sur la bonne transmission des couleurs. J’angoisse un peu, comme d’habitude. Sur le site H&O, il y a ma photo, et l’annonce de ma parution en fin d’année – ou début 2004. Jean-Pierre a dit : alors, mon écrivain ?
L’écrivain va bien, merci.

Henri répond qu’il a tout bien reçu, que ça fonctionne. Je peux partir à Lyon, l’esprit tranquille (demain matin, pour deux jours). J’ai fait mon boulot – H&O fait le sien. « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. »