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Avant | 24 juin 2003
Le problème étant quand même de ne pas pouvoir m’en passer, d’être complètement accro aux bites virtuelles. Hier matin, après mes tentatives ratées, ça a finalement pris, le service s’est connecté, j’ai échangé deux mots avec un Américain, et j’ai joui dans un kleenex en cinq minutes. Hier soir, une heure. Ce matin, une heure – et j’ai joui dans un kleenex, et hier soir aussi. La poubelle, pleine de sperme noyé dans des kleenex blancs, roulés en boule. Le problème étant de n’avoir pas de prise sur le désir, de ne pas être capable de freiner le truc. Brenda, dans Six feet under, écrivait sa vie, elle disait à Nate qu’elle écrivait tout court, dans l’avant-dernier épisode, Nate lit sur l’écran de l’ordinateur qu’elle a laissé ouvert (on sait tous pourquoi), elle dit que c’est de la fiction, le titre de l’épisode (français) : Fiction ou réalité. C’est à propos de deux gars avec qui l’héroïne couche, ce que l’on a vu se passer dans l’épisode d’avant. Puis tandis qu’elle et Nate boivent un verre à la fraîche sur le perron, un des deux gars passe devant la maison, salue Brenda, demande une taf du joint sur lequel ils tirent, Brenda rentre, le gars la mate de dos, il dit : nice to see you again, Brenda… Il porte la casquette que décrit l’héroïne de Brenda, Nate comprend, est furieux, ils se quittent sur des hurlements. L’épisode qui suit montre Brenda dans un groupe pour gens intoxiqués par le sexe, des nymphomanes, des hommes pour la plupart. Puis elle fait ses valises, et déménage. J’ai lu quelque part que dans la troisième saison, Brenda revenait en homme, après une opération. Donc : plus de Rachel Griffiths. Et : c’est ma vie que l’on joue. Ma vie, ma transsexualité. Ma non-opération, la fille que je ne suis pas. Le sexe, l’obsession des queues – pourquoi une telle obsession ? Parce que je meurs d’envie de me débarrasser de la mienne, est-ce pour cela que je l’envoie sur internet ? En plan de coupe !! Est-ce pour cela que je jouis chaque jour, pour la vider définitivement, un espoir vain ? Est-ce des excuses, encore ? Après Nina Myers, est-ce que je me prendrais pour Brenda Chenowith ?
Non.
Non, ça avait commencé avant.
J’ai des choses à faire, des envois à faire, j’ai une lettre importante à poster, les nouvelles photos de Jean-Pierre (très réussies), les suggestions de couverture, les biographies, et l’exemplaire de Laura. J’ai des tas de choses à faire – en vérité pas tant que ça, c’est là encore une excuse pour avoir l’impression de. Jean-Pierre a demandé : tu vas à la plage ce matin ? Tu veux que je te descende ? J’aurais dû dire oui.
Je renonce tellement vite à mes résolutions.
10:10.
« Voyeurism turns on the slow burn of waiting for something to happen ; perhaps all perversity comes gift-wrapped, so to speak, in the banal. »
Chloe Hooper, A child’s book of True Crime.
Où je trouve mes réponses.
_résidence Laurent Herrou | Avant | 24 juin 2003
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne
et dernière modification le vendredi 28 juin 2013