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Avant | 1er mai 2003

Jean-Pierre chez ses parents, pour le traditionnel brin de muguet. Le mien est télémessagé (vers mes parents) et électronique (vers les autres). Je me connecte, il y a un message de Pierre Denan qui annonce ses nouvelles parutions, me remercie pour mon mail d’hier. Le contact est établi. Il écrit une phrase étrange : « le jeune, j’aime », je pense d’abord à l’écriture jeune, puis me relisant, je pense à ma sobriété. J’ai bu un verre, un kir, au Keep in Touch hier soir, pour le vernissage d’Hélène Lachèze, je n’étais pas sûr à la seconde gorgée que ça passerait. On a enchaîné avec une pizza trop grasse, et de l’eau gazeuse, j’ai très mal dormi, vers quatre heures du matin Jean-Pierre a dit : ce n’était pas une bonne idée, la pizza… J’ai répondu que gastronomiquement, je ne savais plus où étaient les bonnes idées en ce moment. Jean-Pierre veut que je fasse des analyses, moi je ne veux pas. J’ai mal en fond de gorge, je culpabilise bien évidemment. Je me dis que : Paris… Après je me dis juste que j’ai pris froid à Paris. Ou ici. J’essaie de me souvenir si j’avais déjà mal à la gorge, le premier ou le second jour à Paris – je suis certain que oui. En fait, j’ai pris froid, mais la grippe ne sort pas, et s’appesantit sur la gorge et les muscles, douloureux. Le ventre continue ses plaintes, en vagues cotonneuses, insupportables. Canal+ ne marche plus, et le programme de mai annonce une sélection de vingt films pour la soirée du 8, sur un total reçu de plus de deux mille. Jean-Pierre demande : tu crois que c’est une bonne idée que l’on achète l’ordinateur, puisqu’ils ne m’ont pas sélectionné… ? Il se torture. Je réponds que je reçois trente refus par an et que j’écris quand même. Je réponds que c’est à lui de croire en ce qu’il fait. Non ? Je me trouve sage, important, nécessaire. Ensuite je détourne les yeux, je me sens à chier. Jean-Pierre a du talent. Un œil. J’ai du talent. Une voix. Y a-t-il autre chose à en attendre ? Bien sûr. Mais c’est long. Mais c’est dur. Mais ça ne vient pas vite. Une fois les e-mails envoyés, il y a eu trois retours de courriers non-distribués : Dena (qui m’avait prévenu qu’elle recevait quand même), Marc et Antonio. J’ai gardé les e-mails pour faire un tri dans mon carnet d’adresses, le remettre à jour. Bill et Michelle ne sont pas passés me dire au revoir – ou peut-être sont-ils passés lorsque j’étais en pause, ou indisponible. Emily a laissé un message sur le répondeur, elle n’avait pas le temps non plus. Dans treize jours (douze en fait), elle aura trente-cinq ans. Sa mère est passée, m’a emmené Justine, qui s’est laissée embrasser. Denis, qui était là, a demandé à Christiane ce qu’elle avait promis à la petite pour qu’elle se laisse faire par moi. Je crois que ça l’a fait rire. Douleurs aux dents. Pierre Denan écrit : « le jeune, j’aime ». Qu’aime-t-il ? Carla Bruni sur la B&O se prend pour Barbara. Je n’aime pas beaucoup, je crois. Je crois aussi que je comprends pourquoi Jackie aime. Je passe du coq à l’âne, ça me ramène à Poulet, poulet. Un des deux livres de Denan à paraître en mai s’intitule : Je. Alors évidemment…
Nice. 1er mai. Férié. Jeudi. On dirait un dimanche.


_résidence Laurent Herrou | Avant | 1er mai 2003

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le mardi 14 mai 2013