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flancher (30/11/12)
Six jours n’en font qu’un.
Tu montes et descends, longes et dribbles, perdu quelque part dans le temps.
(j’ignorais que vous en étiez arrivés à ce point de rupture)
Six jours sans la lumière du jour n’en font qu’un.
Si tu parviens parfois à éviter les grappes et les groupes, la plupart du temps tu ne peux que t’effacer.
(on s’écrit si rarement, on ne s’appelait quasiment plus, comment aurais-je pu deviner ?)
Six jours dans la lumière qui brûle n’en font qu’un.
Non, ce n’est pas le tien là-bas, un badge autour du cou, à côté de deux autres enfants perdus.
(bien sûr que je suis là, bien sûr que je suis trop loin)
Six jours sous les néons, les projecteurs, les ampoules, sans la nuit, n’en font qu’un.
Tu repenses aux sorties en car, aux éclats de rires, au cœur loin de sa chaise gravée, au chewing-gum collé sous le bureau.
(j’ai bien noté vos numéros de téléphone respectifs, bientôt vos nouvelles adresses).
Six jours dans l’ombre du jour et sans la lumière du dehors n’en font qu’un.
Tu remarques qu’une cagoule Spiderman va tomber de la poche d’un anorak.
(bien sûr que je comprends votre décision mais ne me forcez pas à cacher ma peine)
Six jours entre niveau un-zéro-moins-un n’en font qu’un.
Tu aurais pu parler des bâtons de pèlerin, des ardoises rétroéclairées, des taille-crayons géants et des coussins violets.
(ça passera mais là non : tout ce qui porte un nom brûle)
Six jours à deviner le vent glacé et le lac invisible n’en font qu’un.
Tu trouves la rampe d’escalier jaune, tu avales du temps volé dans un transat Télérama en regardant le plafond.
(je pense à vous en écoutant le courage des oiseaux, en boucle)
Six jours tout-blanc-tout-noir-tout-gris, las des anti et des pro, basta, n’en font qu’un.
Tu te retrouves dehors, tu lèves les yeux : vas pas flancher, il est là le ciel ne t’en fais pas, demain à travers n’est plus vers hier.
(mais vos mots dans mon oreille)
_Photos : Montreuil, Espace Marcel Dufriche, 30 novembre 2012
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien. Parallèlement à ce projet je continue d’alimenter mon carnet d’instantanés sur Instagram où je poste désormais (sauf exceptions) une photo légendée par jour.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 30 novembre 2012
et dernière modification le vendredi 24 janvier 2014