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sans K#3
« Mon cher Kwaky,
J’ai toujours eu un faible pour les bandits de grand chemin, les cow-boys mélancoliques, ceux qui détroussent, pillent, dévalisent, les gentlemen cambrioleurs, les dandys de la tire. Parce qu’ils sont passés de l’autre côté du chemin des mortels, parce qu’ils ont osé, oui ceux-là, ces poètes qui connaissent tant le sens de la propriété que leurs actes les honore, je les trouve beaux et pathétiques.
Mon hors-la-loi traverse les territoires, les frontières ; s’il est chez lui partout, il n’a pas de maison. C’est un nomade qui a de multiples compagnons, des camarades sûrement, mais personne sur qui réellement compter. Il est entouré de vauriens, de marginaux, de fondus, de tordus, d’idéalistes, de voyous, de gens qui meurent souvent très jeunes et il doit être prudent, se méfier des chasseurs de primes, des vautours, des jaloux, de ceux qui bouffent à tous les râteliers, des détectives privés, des hordes de flics, des miliciens, des balances et de tous ceux qui détestent les solitaires. S’il a une famille, il ne la voit pas très souvent et elle ne sait jamais à quoi il occupe son temps hors de la maison. C’est un homme d’affaires, un homme affairé, généreux et seul. C’est un poète, un imprudent aussi détesté que craint et qui sait rendre au monde entier la monnaie de sa pièce, cette haine de l’autre, de l’étrange.
Pour moi tu es de ceux-là mais j’aime trop jouir et surtout je déteste dormir seule.
Alors dis-moi quand reviendras-tu me déguster à nouveau ?
T’ai-je déjà dit que j’aurais été prête à me perdre avec toi dans les venelles de la vie ?
Et tant pis pour la mémoire des désastres et la voix mineure de nos ancêtres.
Ton retour vaudrait tous les lendemains qui auraient dû chanter.
Ta Myakhda. »
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le lundi 6 février 2012