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kwakizbak #38
Le temps de quitter le fleuve et de passer du boulevard à la rue qui aurait dû longer un cimetière, la nuit est tombée, sombre et glaciale, sans lune ni réverbère. Et c’est sans lampe de poche ni carte militaire, sans rien pour l’aiguiller, que Kwakizbak s’est aventuré dans ce quartier inconnu.
Devant lui, un mur. Pas un muret non mais difficile d’estimer sa hauteur. Il s’y cogne une première fois (les suivantes ne comptent pas) et décide d’aller vers la droite, d’avancer sur la pointe des pieds les bras tendus, de jouer au mort-vivant jusqu’à se heurter à un autre mur. Il revient sur ses pas, choisit de marcher en crabe : mur à gauche.
Des heures durant Kwakizbak va tourner en rond sans jamais trouver la sortie. Il finira pas tomber de fatigue, de froid, d’ennui, croisera dans ses rêves une armée de doigts faisant le V de la victoire mais à l’envers ainsi que des lucioles épileptiques puis il les oubliera.
Un bruit sec. Il fait toujours aussi noir. Kwakizbak réalise alors qu’il ne peut plus bouger. Il tente d’ouvrir la bouche mais aucun son ne sort. Il ne perd pas confiance pour autant.
– Je vais attendre le dégel. Au pire je me réincarnerai. Bon qu’à ça, se dit-il.
(Je regarde la scène, je n’interviens pas, je n’ai rien à faire là, qu’il se débrouille ! Je me repasse la scène, dois-je la couper ? Voix off : il aurait suffi de rien pourtant, d’un peu de chauffage, d’une couverture, d’un vent chaud ou de bras bienveillants mais ce rien-là était déjà trop demandé. Non, rien, on n’est pas dans un film.)
Un autre bruit sec. Une lumière au loin. Une ombre s’approche, une main l’empoigne.
– Étrange ce coin, pense-t-il.
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le mardi 6 avril 2010