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kwakizbak #3
On raconte qu’un certain Kwakizbak Bakh en 297 aurait traversé tout un océan en faisant la planche ; il serait parti de Shangak aussi velu qu’une mygale et aurait débarqué à Sonsonate intégralement épilé.
Michkaj Kioul a écrit dans Mes moires, livre publié à compte d’auteur vers 567 qu’une femme dans la province du Chtagastan aurait dû mettre au monde des nonuplés mais que l’un des fœtus avait percé le placenta de ses frères et sœurs potentiels et les avait dispersés aux quatre coins de l’utérus en attendant la délivrance. Michkaj Kioul le sage précise par ailleurs que le jour de sa naissance, l’enfant assassin aurait brandi fièrement son phallus mécanique avant de hurler jusqu’à la mort :
— Kwak ! Kwak ! Kwak is back !
Un autre Kwakizbak serait également né en Pofestine, vers l’an mille, frère jumeau de Kristik, mort-né.
Par ailleurs, un disciple anonyme d’Émile d’Ys affirmerait avoir croisé en pleine révolution galouzienne (vers 1111), une nuit où la lune était rousse, un homme prénommé Kwakizbak qui aurait prétendu avoir vécu huit-cent-vingt-trois vies.
— J’en ai assez, lui aurait-il confié, j’aimerais faire autre chose dans ma vie, ce n’est pas drôle tous les jours de se réincarner.
D’après le Guide des inventions inutiles, publié en Poldavie dans les derniers jours d’une quelconque fin de siècle, Kwakizbak serait le premier homme à avoir mis au point et testé la machine à ralentir le temps quand ça nous arrange, le tee-shirt mouillé en permanence, la pomme déjà épluchée, le panier à salade poétique ou encore les gazouillis plussineurs.
Dans L’Encyclopédie Historique des frères Dradog (édition épuisée depuis hier et désormais introuvable – j’ai brûlé le dernier exemplaire), il est noté que depuis la nuit des temps, dans l’Afrange et au sud de la Poldavie, chaque demi-siècle environ, un nouveau Kwakizbak est proclamé Messie, roi ou prince des origines jusqu’à ce qu’un certain Naaboh (un homme plutôt petit et hargneux, populiste et mégalomaniaque, neurasthénique et anxiogène pour la population) le fasse disparaître (ndlr : exécuter en réalité).
— Il faut bien que jeunesse se passe, aurait confié un jour Kwakizbak à l’un de ses bourreaux ; et puis ne vous en faites pas pour moi, je reviendrai quand Naaboh aura disparu.
Mais Kwakizbak se reproduit peu, mal et de travers si bien que lorsqu’un nouvel adoubement approche, un autre Naaboh, toujours plus petit, toujours plus nerveux, secoué de tics qui plaisent aux enfants et aux vieux, est déjà sur les rangs et prêt à l’effacer. Toujours d’après cette encyclopédie, ce petit jeu aurait duré jusqu’en 2007 : L’Afrange était alors au plus mal et Kwakizbak aurait tiré sa révérence lors d’un concours de beauté (à vérifier et à confirmer).
Sur ces entrefaites, Kwakizbak a frappé à ma porte.
— Pourquoi es-tu revenu, lui ai-je demandé ? Serait-ce pour éviscérer Naaboh et partager avec les quelques derniers survivants les os du félon ?
— Non, a-t-il répondu, comme c’est ma dernière vie j’ai la ferme intention de voir du pays et de m’envoyer en l’air pour de bon. Tu pourrais m’aider ?
écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne
et dernière modification le jeudi 26 novembre 2009