christophe grossi | lirécrire

Accueil > f(r)ictions > archives > kwakizbak > kwakizbak #17

kwakizbak #17


 
 
Kudakud et Kwakizbak décident de jeter dans une bassine d’eau tiède plusieurs dizaines de timbres préalablement collés sur des enveloppes jamais expédiées. Humidité, chaleur. Les timbres se décollent de leur support, remontent à la surface. Les Barianne d’abord frigorifiées sur leur plage de buvard reprennent leurs couleurs sous le soleil halogène du bureau couleur sable. On fixe le bouillon. Kudakud et Kwakizbak découvrent main dans la main à quoi ressemblent salives et colle après une bonne demi-heure de macération dans l’eau de la bassine. Ils se saoulent alors toute la nuit sous le regard médusé de plusieurs dizaines de Barianne desséchées.

Soudain ils ont faim.

Installés côte à côte sur le lit défait ils mangent un reste de morbier accompagné de pain dur et d’un fond de tord-boyaux. Au moment de se coucher Kwakizbak se dit qu’il laisserait bien les miettes de pain, tant pis si elles nous piquent les fesses et les épaules toute la nuit.

— Et puis j’ai entendu à la radio que ça pouvait porter bonheur, dit-il.

Il l’avait cru. Parce qu’il aimait croire tout ce qu’il entendait.

Au réveil, quand il découvre à la place de Kudakud un paquet de biscottes, il réalise avec effroi ce qu’est se coucher sur les miettes du purgatoire.

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le samedi 2 janvier 2010